14 juil. 2015

Chronique copycat inversée

En ce moment, tu as un peu le moral dans les chaussettes. C'est normal, tu as arrêté de prendre ton traitement, le générique du Lexomil prescrit par ton psy provoque chez toi de la rétention d'eau, ton visage enfle comme le ventre d'un crapaud, et tes chevilles, épaisses comme des poteaux de foot, sont sur le point de céder. Toi lecteur ébahi, tu ne peux que t'incliner face à ce truisme si précoce dans une chronique qui prend déjà l'eau de toute part.

Tu sors courir et après une heure à sillonner les ruelles d'anfa sup, tu rentres chez toi, les tétons en feu à force de friction avec le coton trempé de sueur, les poumons chargés de particules fines, ta dose quotidienne de monoxyde de carbone. Le sport tue. Tu prends ta douche, tu ne sais pas pourquoi mais tu utilises un gel douche qui fait également office de shampoing (tout fout le camp), mais tu te sens tout de même sale. Tu prépares ton rasoir, mais finalement, tu te ravises. Tu rêves de campagne, de liberté, de couper du bois pour l'hiver, d'égorger des dindes en criant "allahu akbar" à chaque bête sacrifiée, de courir tout nu dans la rue en hurlant "baisez vos morts!". Tu songes alors à ce que te disait Brahim, le jardinier de tes grand-parents que tu soupçonnes d'être pédophile: "les génériques sont moins efficaces que les médicaments originaux. En plus les marocains trichent partout et sur tout, même dans les médicaments. Tu sais le voisin, le patron de Tazi Generics justement, il drague tout le temps la ptite Halima, leur nouvelle bonne, elle a une forte poitrine et parfois il essaie de la coincer à la cave. C'est leur gardien qui m'a raconté tout ça pendant le ftour, il dit qu'il a filmé ça avec son portable. Tu crois que je devrais prendre un nokia ou un samsung? Qu'est ce qui est mieux pour Youtube?"


Tu résistes autant que possible face à ces pensées aléatoires, mais le problème c'est que ton cerveau et ton esprit absorbent tout, sans cesse, comme la viande de dinde. C'est probablement l'un des pires aliments du monde moderne. Des dindes de 30 kilos, dopées aux progestérones et aux antibiotiques pour produire des filets de 20 cm de longueur. Et puis, il y a le fameux concept de VSM, la "viande séparée mécaniquement", celle que l'on utilise pour produire les saucisses et la mortadelle. Personne ne sait réellement d'où ça vient, mais moi je sais: on balance la carcasse d'une dinde préalablement plongée dans un bain de sel et de E437 dans une machine, et toute la viande fine collée aux os est séparée par un prodigieux procédé de fabrication allemande. Il s'agit de la viande la plus ancienne dans la vie de la bête, celle issue des muscles des premiers instants de sa misérable existence. Tout ceci est excessivement énervant, tu es contrarié, mais tu ne peux que t'avouer vaincu, car tu aimes les saucisses de dinde. Tu as envie de reprendre le dessus, de faire face à l'adversité, de débuter une activité manuelle, d'exceller dans quelque chose, n'importe quoi. Aux USA même si tu es nul en tout et que tu es bon en bricolage par exemple, leur système fera de toi le meilleur garagiste de l'univers: Tom's Garage and Repair Shop, Wisconsin.
Tu as envie de fabriquer quelque chose de tes mains, n'importe quoi, une boite, un meuble en bois, faire des origamis d’archéoptéryx. Tu rêves d'être souffleur de verre. Tu as envie de produire. Tu as envie de te sentir en vie. Mais en fin de compte, tu vas te contenter de ce que tu es, car après tout, hamdoullah, et cesser de rêver, car tu es prisonnier du temps qui passe et des espoirs déçus. Il est temps d'aller à la mosquée se fondre dans la masse.



7 juil. 2011

REPRISE

Je n’ai pas eu l’honneur de faire usage de mon précieux droit de vote lors du plébiscite national qui a récemment fini d’officialiser les pratiques néo-médiévales du cagibi national. J’étais à Paris, la capitale mondiale de la mode, de la gastronomie, des touristes, des blondes à vélo, de l’art, du shopping frénétique, bref, la capitale des gens biens qui pensent mieux et donc l’épicentre de la démocratie moderne. Ceci est un postulat non critiquable, car rappelons ici que Paris est l’origine du monde, le royaume de Sir Dominique Perv, dont la bite royale décide des unes de magazines et fascine les éditorialistes.
Paris est la capitale mondiale de la bite.


A Paris, les gens mangent des bananes en marchant. Ceux qui ne peuvent pas mâcher ingurgitent des smoothies fraise-banane de la marque Innocent. Ce n’est pas très bon, mais à Paris les gens aiment les smoothies Innocent. Je me demande si les singes aiment les smoothies. Les femmes portent des lunettes de soleil blanches, les enfants ont des Iphone 4 blancs et il est interdit de ne pas consommer. Les boutiques banales sont blanches, les boutiques de luxe sont noires. Le noir est la couleur du luxe, la couleur de Paris, la couleur de la merde des singes.
A Paris, place Beauveau, il y a le Bristol, et tout autour du palace, s’enchainent les bistrots chics et pubs américains où l’on sert des cheeseburgers à vingt euros. Place Beauveau, Matignon, l’Elysée. L’anus de la démocratie mondiale. Pourtant, ici à Paris, les gens biens exècrent ce que l’histoire de France leur a offert. Ils haïssaient le franc, adulent l’euro, et rêvent en dollar et en couleur, ils vivent le rêve américain par ingurgitation de viande hachée et de frites surgelées. A Paris, la gueule béante, la mondialisation consumériste aspire les passants dans un trou noir et les recrache aléatoirement dans une maroquinerie de luxe, une chaine de fast-food bio, un sex shop gay à Pigalle, un nike store dans le 8ème, et ainsi de suite, jusqu’à la fin du temps moderne, soit le dernier métro.

Quand on décide de franchir le pas démocratique, de vivre dans ce modèle, ce business model, il faut faire, non pas des concessions, mais des sacrifices, abandonner tout espoir d’un retour à une vie normale, la dolce vita pré-années 80, l’ancien monde sans sida, sans stock options, sans carte bleue, sans sms, un monde gentil et innocent. Avant les horodateurs, il fallait payer pour rouler (essence). Maintenant, on paye même pour s’arrêter. On paye pour tout et rien, les poches sont percées et l’argent coule à flot et se déverse dans les égouts de l’oubli d’un monde qui a changé.

En 2011, donner sa voix ne vaut finalement rien. La machine alimente le système, le système soumet l’homme, l’homme consomme jusqu’à sa perte, car il faut bien donner pour recevoir. Le seul espoir serait alors de naitre femme dans une caste supérieure de ce monde nouveau, une femme dont le seul destin serait celui d’avaler des bites en échange de vêtements et de ballades en décapotable. La femme est l’avenir de l’homme, c’est inscrit en grand à l’entrée de Vuitton St Honoré.

Paris est la capitale d’un monde liberticide défendu par une armée dévouée de serveurs et de vendeuses, où finalement, la seule chose de gratuite, et peut être pas encore pour longtemps, c’est respirer. Mais il ne faut pas s’en faire, les hommes sont dressés et prêts à payer, même pour inspirer puis expirer. Jusqu’à la mort.


Paris n’est pas un échantillon.
Paris est un laboratoire.
Et nous sommes des singes.

La démocratie, c’est la fin du monde.



3 mars 2009

Adaptation du guide Michelin

Petit guide michelin casaoui de circonstance!
Le fameux guide Yellowcakes à 9 étoiles!
Ce guide n'est pas disponible à la vente, ou il s'agit bien évidemment d'une contrefaçon.
Justifier

L'Abattoir***
Il existe plusieurs chemins pour y parvenir, le plus simple reste de prendre l'autoroute, la sortie de Ben Msik, puis prier! En effet, vous vous engouffrez vers les limbes obscures de l'abattage animal de série. Une ambiance unique, des odeurs inoubliables, le décor est planté, le charme est fait, il vous prend au tripes.
Nous retenons pour nos 3 étoiles, le commerce le plus éclairé, établi en 1929, celui qui dispose d'une tapette à mouches et de serviettes en papier blanches. A l'intérieur trône une image de Abdelkrim El Khattabi, l'air belliqueux.

Au menu: de la viande, des oignons et des tomates, mais aussi de la viande et de la viande.
Prix: de 20 à n dirhams, le stock est infini, tout dépend de votre appétit.

Conseil du guide: éviter les Judor, La Cigognes et autres Sim Orange proposés sur les étalages




Rrass***
Pour les puristes de la viande de mouton sur le pouce, notre guide vous propose ce sordide étalage de renom, 6m² de désespoir coincés entre un serrurier et un "cycliste" en plein coeur de Derb Ghallef (pas le souk, le quartier résidentiel derrière, dans le prolongement de la ruelle du Snack Amine, déclassé dans notre édition pour un usage excessif d'huile de foie de vautour).

Au menu: un plat unique, le sandwich de tête de mouton. Il est possible de constituer soi-même le contenu de son sandwich: cervelle, muscles, les deux, avec ou sans sel et du poivre.
Prix: Menu avec verre de thé à 6.5 dhs

Conseil du guide: à déguster sur place, la cervelle de mouton est meilleure ingérée dans son environnement de transformation





Rrobio***
Ouvert tous les jours de la semaine, même en période de fêtes religieuses, le 24h/24 et 7/7 le plus connu de la ville: la mahlaba (laiterie) de Abdelmoumen, l'avenue qui sépare l'Oasis du Polo et d'Anwal. En quittant la corniche après une soirée en boite, il suffit de suivre les voitures à proximité pour s'y rendre. Agissant comme un aimant, le sandwich à la dinde et au fromage du Rrobio ravira les palets les plus exigeants en pic d'éthanol modifié.

Au menu: panini divers, jus, picanterie et biscuits, glaces, haschich et cachuètes
Surprise du chef: le Hot Dawg (saucisses de poulet en conserves bouillies, mais, omelette finement coupée, une tranche de fromage fondu (?), sauce ketchup-mayonnaise brevetée sous le numéro 118.712.822.22
Prix: les prix varient en fonction du client et de son état d'ébriété.

Conseil du guide: faites la connaissance de Fatima la mendiante et ses enfants, une sympathique famille qui squatte H24 le trottoir de Rrobio...une rencontre qui changera votre vie!


ça fait bien 9 étoiles, non?

27 févr. 2009

Le chiffre du jour

200 milliards de dollars: c'est ce dont Obama a besoin pour soutenir l'effort de guerre américain, notamment pour renforcer les troupes en Afghanistan. Il explose ainsi les chiffres prévisionnels de 70 milliards (en plus des 40 déjà accordés par le congrès).

C'est clairement dans la continuité de la politique de Bush, et on peut dès à présent affirmer que rien pour le moment n'a changé. Pourquoi espérer faire tomber à 500 milliards en 2013 un déficit estimé aujourd'hui à 1,750 milliards $ et prétendre pouvoir réaliser des économies comme il le dit si bien "un peu partout"?
Ça sent mauvais: Obama engage les américains dans des calculs malicieux pour gonfler artificiellement le PIB américain alors que la récession fait rage.
Pour finir, un peu de Todd: " les EU ont besoin d'une certaine insécurité pour continuer de justifier la confiance que leur accordent les épargnants de monde entier (...) d'où la relance des budgets militaires."




26 févr. 2009

Sans titre

Ceci est une enclume.