Goodbye Dollar, Hello Amero
Décidément, Emmanuel Todd est LE visionnaire de ce siècle.
L'adoption par le congrès du plan Paulson achève de lui donner raison et doit j'imagine lui procurer un certain réjouissement personnel.
En tant qu'auteur, économiste, démographe et penseur, certainement, mais en tant que citoyen du monde, j'émets de sérieux doutes.
Dans Après l'Empire, Todd établit une corrélation nette entre la survie économique des EU, et de manière plus large - l'avenir de l'économie mondiale- à la propension de la banque fédérale américaine à attirer des investisseurs étrangers ainsi qu'à sa capacité à les retenir.
Un attrait dont le principal atout est la confiance en une mécanique des taux et de l'épargne transparente, rassurante, rentable.
Seulement voilà: la crise des subprimes a à présent subit une effrayante mutation dans un contexte qui empire au jour le jour. Le budget fédéral américain est sur le point d'atteindre un déficit record, les institutions financières n'ont plus de capital et le processus de désendettement n'est plus maitrisé.
La faillite de Lehman Brothers n'était donc pas une simple alerte, mais bien le râle du système, la manifestation la plus violente de la crise, la plus inquiétante.
Preuve en est la succession des faillites bancaires de ces derniers jours.
Alors les contribuables américains sont injustement appelés à la rescousse pour financer un plan irréaliste de soutien et de prêts aux responsables même de la déconfiture que nous vivons aujourd'hui.
Entre temps, les responsables de la crise, soit les dirigeants des banques d'affaires et les patrons des banques de dépôt qui les absorbent les yeux fermés, continuent à s'en mettre plein les poches. Parallèlement, le Président de la Banque Fédérale, qui rappelons le, n'est pas élu par le peuple, dispose de 800 milliards de dollars dont il peut faire constitutionnellement ce que bon lui semble. A sa discrétion. Autant dire que ces contribuables n'en tireront aucun bénéfice et de fait, et d'un pur point de vue capitaliste, ce qui s'est produit cette semaine est une erreur.
Car la confiance est définitivement brisée. et toute rumeur à venir pourra provoquer une nouvelle faillite bancaire, suivie d'une nationalisation.
Le loop.
Pour changer de référentiel, mettons nous à la place des détenteurs de capitaux internationaux: au vu de la situation actuelle, comment peut-on raisonnablement continuer à injecter de l'argent dans les banques américaines? Nul besoin d'aller chercher des explications raisonnées ou même d'accuser Greenspan d'avoir biaisé la mécanique des taux d'intérêts avec pour conséquence ce que la presse économique et financière hurle depuis maintenant deux bonnes années: la métacrise.
Car aucune banque asiatique ou européenne ne continuera d'investir en dollar pour aider l'économie américaine à demeurer solvable. Ces économies dites industrielles, donc proches dans leur forme, pourraient effectuer un rapprochement dans une logique win-win, et causer ainsi le pire tourment aux économistes américains: la fin d'un afflux en capitaux extérieurs et de fait l'accélération du déficit commercial américain.
Soit la chute du dollar.
Le crise mondiale réelle.
Le dilution économique généralisée car on vit dans une économie globalisée qui facture et se fait payer en dollars.
La fin des haricots semble proche pour Todd. Sauf que les EU ont concocté un plan de secours qui n'en est pas un réellement. Ils visent tout simplement à sortir du modèle de la banque fédérale pour une banque continentale. Avec une nouvelle devise: l'amero.
La vidéo de Cnn date de 2006, à croire que tout ceci est calculé depuis belle lurette.
Je bassine mes potes qui bossent en banque d'affaires sur le sujet depuis deux ans maintenant.
Au début, je me faisais traiter de pro théorie conspiration.
Aujourd'hui qu'ils ont perdu leur job, ça commence à les intéresser.
Alors wait and see...