28 févr. 2006

Fable indienne


« Seuls les poissons morts vont avec le courant. Celui qui saura saisir le véritable sens du Ja-Lin Gon deviendra le maître du monde. Un maître du monde immortel, et bon».

C’est par ces mots mystérieux que se clôt le testament de Raj Thakkar, grand mathématicien indien de la fin du XXème siècle et fondateur en 1968 du SPIRITH, le plus grand orphelinat d’Inde et du monde. Sa passion pour les jeux de logique et de stratégie était légendaire, et volontairement contagieuse, au point qu’il passa les dernières années de sa vie en la seule compagnie de jeunes orphelins, avides de savoir et de connaissance. N’ayant jamais été marié, Raj Thakkar n’avait eu aucune descendance. Il rattrapait ainsi le temps perdu.

Parmi ces enfants se trouvait Sivarna, un jeune orphelin particulièrement doué. Lors de leur première rencontre, Raj cru déceler en cet enfant des aptitudes inouïes pour le jeu et les mathématiques. Certains de ses proches affirment même que les derniers mots exprimés par Thakkar sur son lit de mort étaient destinés à Sivarna : « Destinée…sublime…Sivarna…Sharingan, Ja-Lin Gon…sauve le monde ! »

Petit à petit, les autres enfants s’écartèrent d’eux-même, naturellement, pour laisser se développer le génie de Sivarna, que seul le Maître pouvait réveiller. Raj Thakkar lui consacra alors ses trois dernières années, dans un quasi tête à tête, à travers l’enseignement des échecs et des mathématiques.

Ensemble, ils réalisèrent également plusieurs puzzles de 100 000 pièces chacun. Une fin de vie ludique en somme, mais surtout un enseignement inestimable pour qui cherche à structurer sa vie à travers la structuration de la pensée.

Aujourd’hui, Sivarna a 35 ans. Il est le champion du monde incontesté des échecs. Passé grand maître quelques mois seulement après le décès de Raj Thakkar, Sivarna a éclaboussé de toute sa classe l’univers des échecs, dominé jusque là par d’obscurs joueurs russes. Certains avancent même l’idée que le grand Kasparov se serait suicidé suite à plusieurs défaites d’affilée contre Sivarna, toutes humiliantes, toutes historiques, Sivarna révolutionnant à chaque nouvelle partie les théories les plus avancées de ce jeu intemporel.

Jeune champion au charisme infini, Sivarna était le seul à faire don de la totalité de ses gains aux bonnes oeuvres.

Au courant de l’année 2002, et suite à un nouveau titre de champion du monde acquis en Indonésie, Sivarna tomba gravement malade. Il fut alors transporté à l’hôpital, où il fût interdit de visite durant toute sa convalescence. La presse lui menait alors la vie dure et les médecins, admiratifs et respectueux, décidèrent de faire bloc pour le protéger.

Un jeune indonésien parvint tout de même à accéder à sa chambre. Sivarna fut alors saisi par la détermination du petit bonhomme : ce dernier venait lui rendre visite pour lui offrir un présent particulier : un puzzle de seulement 2.999 pièces aux propriétés prétendues magiques.

Sivarna fut étonné de voir que le puzzle n’était accompagné d’aucune image, d’aucun dessin ou motif qui pourrait l’aider à le reconstituer sans erreur. Etrange puzzle…Il promit de s’y mettre dès qu’il fut guéri.

A présent guéri et toujours au sommet de son art, Sivarna se mit soudainement à délaisser les échecs, pour ne se consacrer qu’à son puzzle. La compétition ne l’intéressant plus, il se retira en décembre au sommet du Kilinkirgom, sixième plus haut sommet de la chaîne himalayenne et réputé inaccessible, n’emportant avec lui que des vivres, quelques livres d’histoire, une radio et son mystérieux puzzle indonésien.

La légende raconte que le lendemain de Noël, Sivarna parvint à reconstituer son puzzle pour la première fois. L’image figurant sur le puzzle reconstitué représentait un littoral noyé sous les eaux, alors qu’au large se profilait une vague titanesque, destructrice, meurtrière. Sivarna pouvait en outre reconnaître la région concernée, les mots Thai et India étant vaguement représentés par deux nuages au dessus des vagues. Pris de panique, Sivarna décida d’allumer sa radio. La voix émanent du récepteur parlait de milliers de morts, de milliards de dollars de pertes matérielles.

Sivarna réalisa à ce moment précis qu’il avait le Ja-Lin Gon entre les mains et se mit à pleurer. Il le savait. Il avait toujours pu sentir le vent de la destinée souffler sur lui. Il était devenu sans le désirer le maître du monde.

Il retira une à une toutes les pièces du puzzle et les remit dans leur sac. Terrifié à l’idée de commettre un nouveau crime de cette ampleur, il songea à détruire le puzzle.

Mais en grand stratège, et résolu à percer le mystère, il décida de reconstituer le puzzle. En évitant d’insérer la dernière pièce du puzzle, celle qui ferait se réaliser la scène reconstituée.

Seulement voilà, cette fois-ci, l’image représentée était totalement différente. Elle représentait un mur séparant deux masses populaires, l’une bleue et l’autre verte, toutes deux armées et décidées à en découdre. Affolé, car comprenant ce qui était représenté, il décomposa une nouvelle fois le puzzle, pour le recomposer une nouvelle fois.

Nouvelle scène : l’Europe vue du ciel, survolée par une incroyable migration de volatiles désignée par une flèche noire se dirigeant vers l’Océan Atlantique. Il continue.

Nouvelle image : la fameuse photo du pain de sucre de Rio, sans Jésus, le téléférique en flamme et en chute libre, la plage de Copacabana noire de monde, du monde qui fuit l’incendie de la fameuse station balnéaire brésilienne.

Et ainsi de suite.

Une expédition d’alpinistes danois fit en 2033 l’ascension du Kilinkirgom. Au sommet, ils découvrirent le puzzle de Sivarna, représentant une image toute simple :

Un groupe d’enfants sains et souriants, entourant Sivarna, qui pointe le ciel du doigt.

Un ciel tout bleu et sans nuages.

Immortel, Sivarna l’est aujourd’hui. Personne ne sait ce qu’il advint de lui.

Copyright OF 02/2006

24 févr. 2006

Epitaph (lyrics)



The wall on which the prophets wrote
Is cracking at the seams.
Upon the instruments of death
The sunlight brightly gleams.
When every man is torn apart
With nightmares and with dreams,
Will no one lay the laurel wreath
As silence drowns the screams.

Between the iron gates of fate,
The seeds of time were sown,
And watered by the deeds of those
Who know and who are known;
Knowledge is a deadly friend
When no one sets the rules.
The fate of all mankind I see
Is in the hands of fools.

Confusion will be my epitaph.
As I crawl a cracked and broken path
If we make it we can all sit back
And laugh.
But I fear tomorrow I’ll be crying,
Yes I fear tomorrow I’ll be crying.

Je considère qu'il y a 2 groupes majeurs dans l'histoire du rock progressif : Pink Floyd, et King Crimson. Les lyrics ci-dessus sont celles d'Epitaph, chanson tirée du mythique "In the Court of the Crimson King", album à posséder - sinon écouter pour ne pas mourir toalement con- absolument.

23 févr. 2006

2007 : année de la Vertu


Dans un peu plus d'un an, le gouvernement va changer. Complètement? De nouvelles têtes? On verra bien.
Pour le moment, les acteurs politiques sont tous pris de frénésie, ils s'activent : fusion de partis, démissions et renvois spectaculaires, changement de positions, programmes en cours de chiffrage, etc. C'est le branle-bas de combat.

Evidemment, ce remue-ménage semble profiter aux intégristes. En effet, la situation économique du pays inquiète la frange active de la population, tandis que l'autre a coulé ses pieds dans le ciment, déprimée, tant le contexte géopolitique (social?) international semble peser lourd sur ses esprits.

Cible désignée des intégristes : les pauvres du pays scandalisés par l'intervention des ricains en Irak, ces pauvres qui soutiennent le dernier héros arabe (Saddam), ces pauvres qui souhaitent la mort des tous les juifs et la destruction d'Israel, ces pauvres qui voient en tsunami et grippe aviaire la manifestation de la colère de Dieu. Ces pauvres qui finalement, se font traiter de terroristes par un occident pseudo-libre et faussement démocratique.

C'est en somme la situation actuelle : les intégristes vont profiter du malaise psychologique des masses pour monter au pouvoir. "Sous un bon gouvernement, la pauvreté est une honte ; sous un mauvais gouvernement, la richesse est aussi une honte."

Notre pays est donc dans une configuration assez inédite : mauvais gouvernement, pauvreté galopante, nouvelle richesse honteuse, insolente. La présence de poison est connue depuis toujours, ele demeure pourtant flagrante.

Voici le remède.

Néolibéralisme pour parer l'extrémisme

La stratégie de développement national va révolutionner ce pays. Il s'agit tout bonnement d'un business model nouvelle génération pour une nation ambitieuse. La résolution de problématiques sectorielles, la simplification des relations d'échanges internationaux, la hausse du PIB, la création de centaines de milliers d'emploi : voici l'impact futur de notre nouvelle feuille de route.

Le simple fait que le gouvernement actuel engage l'Etat, à travers la signature de conventions stratégiques budgétées avec le privé, suggère une embellie politico-économique. L'Etat aura donc, dans le bon sens, les mains liées, obligé de faire du bon boulot pour satisfaire l'électorat nouveau, électorat informé, qui exige un reporting régulier sur l'évolution de ses conditions de vie et de développement humain.

Ensuite et en résumé, il s'agira de se sortir les doigts du cul et de commencer à travailler dur.

Quelque soit le parti qui remportera les élections ( et tout pousse à croire qu'aucune majorité ne se détachera, que 2 à 3 partis vont dominer la partie), il ne pourra sans doute jamais remodeler l'esprit politique national futur. Il sera simplement là, staffé, force de travail, nombre de jour/homme.
En cas d'échec, le peuple lui infligera une correction nouvelle génération, une correction aux urnes.

Pas de temps pour les regrets (!), parce que le peuple est au courant des chantiers actuels. Les gens attendent des retombées directes, facilement évaluables et critquables. Fini le temps des embrouilles. Accueillons la vertu à bras ouverts.

Confucius : "L'homme supérieur c'est celui qui d'abord met ses paroles en pratique, et ensuite parle conformément à ses actions."

C'est finalement l'homme nouveau que mérite ce pays, non?

RDV dans un an pour tirer tout ça au clair...

22 févr. 2006

J'aimes les rousses

Je l'avais rencontrée dans le métro, en début de soirée. Le wagon où nous étions était quasiment vide. Elle était assise en face de moi, sur un strapontin. Belle rousse aux yeux bleus, look Burburry. Sa peau, magnifiquement rose, est saupoudrée de taches de rousseurs, petites et rondes. Aléatoirement réparties sur son visage, ces tâches m’intriguent depuis toujours.

J’engage alors la conversation :

" - C’est dommage que l’on soit coincé dans ce métro, je suis certain que la lumière du jour doit décupler votre beauté Milady, je parle d’une voix basse, mais mon regard lui fait comprendre que c’est à elle que je m’adresse. Elle me répond sur un ton que je n’apprécie guère :

- Pff…non mais ça va, tu crois quoi là espèce de caillera ? "

Je ne m’attendais pas à une contre-attaque aussi agressive. Milady la rousse rouspète. Ce genre de réaction amplifie mon excitation.

" - Je m’excuse Milady, je voulais juste vous flatter pour mieux vous surprendre. Je suis particulièrement attiré par les rousses aux yeux bleus. Et vous me plaisez. Beaucoup."

Vraiment mignonne cette rousse.

Son regard changea brusquement. Peut être a-t-elle compris où je voulais en venir. Les gens sentent ce genre de choses.
"- Je m’excuse de t’avoir traité de caillera. T'as vraiment pas l'air d'une caillera en plus. Désolée."

Je bondis alors de mon siège pour m’installer sur le strapontin collé au sien. Assis ainsi, si près d’elle, je peux sentir ses cheveux roux, m’amuser à lui effleurer sa main. J’aime bien. Elle réalise finalement que je suis assez mignon, que je sens Egoiste Platinum, que je suis un des siens. Soulagée, elle reprend alors tout sourire :

" - En général, personne ne me drague jamais dans le métro, donc voilà. Et en plus je suis seule, donc pas en confiance, tu comprends ?

- J’adore quand tu me tutoies. J'aime ta voix."

Vraiment mignonne cette rousse.

A présent, elle me fixe droit dans les yeux. Probablement pour me sonder avant de me
répondre. Plus on regarde quelque chose de près, moins on la comprend. Une petite grimace apparait sur sa face, rapidement chassée par un début de sourire, un soupir en fait.

"- Hmm...Vraiment ? Et bien, je ne sais pas quoi dire. Je suis génée."

Je la tiens, la pauvre, en même temps, les filles d’ici sont si faciles à berner. Elle continue :

"- Je ne suis pas comme ça d’habitude. Je pensais à un truc stressant c'est pour ça.

- Tu sais, tu es conditionnée pour penser et dire un certain nombre de choses, et moi pareil. Ce qui pourrait expliquer ta réaction. Mais je ne t’en veux pas. Tu as l’air d’être une fille sublime. J’ai l’impression d’avoir déjà fait cette rencontre, en rêve. Ca ne t’arrive jamais ?" Elle rougit.

Sa réponse en substance était de dire qu'elle ne croyait pas en la destinée, encore moins en la fatalité. Le blabla du Cosmopolitan du mois.

"- Tu fais quoi dans la vie ? Elle m’a posé la question –j’en suis sûr – juste au moment où elle vit mes chaussures : boots Weston en cuir marron foncé, des pompes classes en somme.

- Je suis dans l’évènementiel.

- Intéressant, dit-elle. Je bosse en agence de com’. On fait presque le même boulot!

- C'est vrai, il y a quelques similitudes. Je descends au prochain arrêt."

Elle aussi. En sortant du métro, je lui proposai un verre, chez moi. Elle accepta. Tandis que j’insérai la clé dans le verrou, Marie commença à me caresser le dos du revers la main. Décidement, les femmes d'aujourd'hui sont si faciles. Mais je ne consomme jamais de femmes en dehors de chez moi, encore moi sur le palier.

J’ouvris la porte et nous entrâmes alors dans l’appartement.

« - C’est vraiment spécial chez toi. Tu n’as pas beaucoup de meubles.

Vraiment mignonne cette rousse.

- Non, c’est normal. Vu ce que je fais ici.

- Comment ça ? Elle ne se doute toujours de rien. Tu ramènes souvent des nanas du métro dans ton lit ?

- Pas du tout : en réalité, c’est ici que j’exécute les gens que je croise dans le métro.

- Pardon? Elle paraît un peu surprise.

- C'est ici que je savoure mes victimes.

- Arrête de faire le con et sert moi un verre. Et assieds toi, tu me stresses." Elle riait.

Elle tournait dans l'appartement, elle avait l'air très observatrice. A quoi bon?

Trop mignonne cette rousse. Trop. Trop. Trop.


Pendant qu’elle contemplait « Le Champ de blé aux corbeaux », l’unique touche artistique de ce lieu de mort, je m’emparai de ma batte. Une vieille batte que j'utilise de temps à autre.

Quelque chose en elle s’est brisée où elle la vit. A ce moment précis, la terreur prit forme dans son corps, sous la forme d'un tremblement généralisé, incontrôlable. Ensuite, dans son cœur, car des larmes commencèrent à couler sur ses joues. Enfin, un torrent de sentiments indescriptibles se déchaîna violemment sur son visage.

Je frappai, fort, à plusieurs reprises, jusqu'à ce qu'un silence absolu se fasse. En général, je demeure assis en face de ma victime, la tête entre les mains, une jambe croisée par dessus l'autre, le regard vide.

Je ne pensais pas que son sang puisse sécher aussi vite et de tout façon, il est tout à fait exclu que je commence à nettoyer ce bordel tout de suite. Je décide alors de me griller une cigarette. Je crache la première bouffée par les narines et jette un regard à travers la fenêtre du salon : décidément, le balcon des voisins d’en face me dérange. Il va falloir que j’y fasse un tour. Comme on dit, au cas où.
Mais avant ça, j’apprécie ma clope en sirotant un thé glacé.

La presse de qualité se meurt



Je tiens Le Monde d'aujourd'hui entre les mains et je n'en crois pas mes yeux. Puisqu'on est Mardi, le stress de début de semaine survole encore le clavier de mon PC et je suppose, celui du Chef de Rédaction du Monde : je m'attendais alors à découvrir une première page sérieuse.
Digne d'un Mardi.

Pourtant, voici ce qui est imprimé sur la première page, avec pour chaque bloc, sa part dans la page :

- Jacques Chirac tente de faire oublier les couacs de ses ministres , 15% - France et Inde vont coopérer dans l'énergie civile nucléaire, 15% - H5N1 : l'Europe au secours des éleveurs de volaille, 30% - JO Turin, 15% - Pub pour Volume Shoking de l'Oréal , 15% - Russie de Poutine, 3% - Système Judiciaire, 3%
- Gangsta-Rap: 50 cent, un rêve américain décliné sous toutes ses formes, 3%. Avec un sublime renvoi en P. 26, pour une interview sur son dernier film "Réussir ou Mourir". Je vole à la vitesse du son vers la page 26 pour lire que le film -évidemment inspiré de sa super vie- sortira en salles en France à partir du 22 février.

L'interview est illisible, ramassis de louanges et de questions idiotes :
- Est-il douloureux de replonger dans vos souvenirs?
- Quels sont selon vous les symboles de la réussite?
- Croyez-vous au rêve américain?
- Pourquoi le rap est-il machiste?


Alors que l'IMDB lui a mis une note de 2,4 / 10 , ce film se trouve en première page du monde. Je veux bien, c'est leur journal, libre à eux d'écrire ce qu'ils veulent.

La pub va finir par tout tuer. Parce que finalement, ce genre d'erreur - et ce journal en devient un grand spécialiste- casse le mythe du journal et de la presse de qualité en général. Arrêtez de nous prendre pour des cons s'il vous plait.





18 févr. 2006

Tant qu'à faire...


Les scientifiques s'accordent à dire que la science a atteint ses limites, qu'il ne reste plus rien à découvrir : le progrès est mort!

La théorie de la relativité spéciale d'Einstein prouve qu'il est impossible de transmettre de la matière ou même de l'information à une vitesse supérieure à celle de la lumière. La mécanique quantique elle, démontre que notre connaissance des micro-mondes sera toujours un peu floue. Et patati et patabla. Ces limitations rendront la recherche de la vérité difficile au cours des années à venir. De plus, les budgets recherche sont tous en cours de compression.

C'est sacrément embêtant cette histoire : tous mes rêves de gosse, de voyage dans l'espace, de découverte de l’origine de la vie, d’orgasmes spatiaux etc., tout ça c'est bel et bien fini. Je ne parle même pas de télékinésie ou de manipulation de matière par la pensée à la Magneto ( ennemi juré des X-men).

La tendance générale - des mangas à La Guerre des Etoiles, en passant par les messages de publicité et les mensonges politiciens - est de croire à des lendemains meilleurs. Les scientifiques ne cessent d'écrire que nous nous trouvons à la veille de grandes révélations, de percées décisives et autres blablablas.

Pourtant, et pour le bien de tous, il vaudrait mieux que tout le monde fasse le constat suivant : et s’il n’y avait vraiment plus rien à découvrir ? Et si nous ne réussissions jamais à construire des vaisseaux spatiaux capables de déformer l'espace-temps et de nous emmener dans d'autres galaxies ou d'autres univers (et merde !) ? Et si le génie génétique ne nous permettait jamais de devenir doués ou immortels ?

Et Dieu dans tout ça ? Saurons-nous un jour ce qu’il en est vraiment ? Ma référence absolue en astrophysique, Stephen Hawkins, est un athée convaincu ! Il ne se pose même plus la question de savoir pourquoi l’univers existe. Résigné le bonhomme. Autre exemple? Brian Josephson, prix nobel, a basculé dans les sciences occultes et le mysticisme, abandonnant donc l'objectivité sacrée.

La science a loué une Porsche 911 GT2 Bi-Turbo pour foncer à 340 Km/h dans un mur en béton armé. Mur bat Science par KO Technique. Que va-t-on devenir ?

Dans "The Coming of the Golden Age", Gunther Stent écrit que « plus la science nous rapprochera de l'universelle abondance, moins nous éprouverons le besoin d'acquérir de nouvelles connaissances, si bien que nous finirons par nous retrouver dans un état de "nouvelle Polynésie", où nous ne chercherons plus que le plaisir pour le plaisir, dans les drogues, les réalités virtuelles ou la stimulation électronique directe des zones de plaisir de notre cerveau. »

On y est déjà je pense. Alors je vous propose de passer à l’action. une toute petite action, là maintenant, dès que tu finis de me lire.

Voilà : le programme SETI est un projet de recherche de vie extra-terrestre. Etant donné la faiblesse de son budget, ce programme survit grâce à la communauté internet. Le principe est simplissime : pour des besoins de calcul, tous les ordinateurs disponibles sur Terre pourraient être mis à contribution, à un rythme de 2 à 4 heures par jour, pour faire les calculs nécessaires au traitement des quelques 340 000 Go de signaux reçus quotidiennement par un super radio-télescope.

Il est évidemment démontré que l’envoi des signaux est volontaire !!! Ca veut dire ce que ça veut dire.

On a tous des Pentium IV ou des Centrino nouvelle génération. Il suffit de télécharger le logiciel sur le site SETI@HOME, et d’autoriser son PC à effectuer ces heures de calcul. C’est tout. Si on les trouve, on pourra dire que c'est un peu grâce à nous .

Merci, c’est tout ce que j’avais à dire aujourd’hui.

15 févr. 2006

L'art de la guerre selon le Traité de Sun Zi et parallèles avec le jeu d’échecs, par Ali Alaoui Mdaghri



Orientation :

"L’art de la guerre" par Sun Zi est historiquement le premier traité de stratégie au monde, rédigé aux alentours du Vè siècle avant J.-C. (il fut traduit en 1772 par le père J.-J. Amiot, jésuite). On ne sait rien de son auteur, Sun Zi, si ce n'est que son oeuvre fut très vite considérée en Asie comme une référence.
Considérant la guerre comme une réalité inévitable, Sun Zi démontre cependant que le but ultime d'une guerre n'est pas de remporter de coûteuses victoires, mais de préparer le rétablissement de la paix.

Ali Alaoui nous invite ici à découvrir ce texte légendaire cité par tous les communicateurs et stratèges politiques. Bien évidemment, il tente lorsque cela est possible des parallèles constructifs avec le jeu d’échecs.



Je commencerai cet article par une citation d'un célèbre philosophe chinois, Lao Tseu :

"Rien n'est plus souple et plus faible au monde que l'eau.
Pourtant pour attaquer
Ce qui est dur et fort
Rien ne la surpasse
Et personne ne pourrait l'égaler.

Que le faible surpasse la force
Que le souple surpasse le dur
Chacun le sait.
Mais personne ne met ce savoir en pratique."

Cet état d'esprit, cette façon d'envisager un rapport de force entre deux adversaires, est le fondement de la philosophie de Sun Zi (Sun Tse, entre le Ve et le IVe siècle avant notre ère, en Chine).
C'est l'essence de la pensée Taoïste. Pensez à tous ces arts martiaux millénaires et emprunts de sagesse dont le principe est de vaincre l'ennemi par sa propre force, et vous comprendrez alors l'idée de cette citation, et de fait les stratégies de Sun Zi. Je vous rassure tout de suite, si je vous suggère la lecture de ce classique de stratégie, il n'en demeure pas moins que c'est largement insuffisant pour qui veut bien comprendre l'art de planifier.
Pas forcément parce que le livre est destiné aux militaires, mais surtout parce que les stratégies préconisées sont indirectes, parfois incomplètes, mais toujours universelles.
J'ai choisis quelques extraits de ce livre que je vous présente ici, j'indiquerais bien entendu la place de chacun dans le livre, découpé en articles (de 1 à 13).

Mais je commencerai par citer Gérard Chaliand (spécialiste des problèmes de stratégie), s'exprimant au sujet de l'art de la guerre :

"Le traité de Sun Zi concerne l'intelligence des rapports de forces et l'utilisation la plus rationnelle, voire la plus économe, des troupes [...]
Ses treize chapitres englobent et synthétisent les principes généraux devant guider la conduite d'un conflit [...]
S'il existe, pour mener la guerre, des principes généraux, il n'y a pas d'équation qui permettent de conduire à la victoire."

Premières analogies possibles avec les classiques d'échecs, le jeu lui-même est un rapport de forces ente deux adversaires au travers d'une armée, en faisant usage de l'intelligence.
Par ailleurs, les idées proposées sont des principes, qu'il faut s'efforcer de suivre afin de mener bataille, mais ne garantissent pas forcément la victoire !
Donc, comme pour tout principe, il faut considérer l'exception, un bon principe mal utilisé devient mauvais, et peut avoir des conséquences dramatiques.

Tout ce qui est entre guillemets sont des extraits de "L'art de la guerre", le reste mes commentaires.

Article I : Fondements de l'art militaire

Ici Sun Zi définit les cinq fondements de la science militaire selon lui, la doctrine, le ciel, la terre, le général et la discipline. La doctrine serait l'état d'esprit avec lequel on aborde un combat, le ciel serait le temps, les coups, la terre serait l'échiquier, le général serait l'habileté du joueur, sa qualité et son expérience, et la discipline, son savoir et ses méthodes.

"Les connaissances que je viens d'indiquer vous permettrons de discerner[..] celui qui a la meilleure doctrine et le plus de vertus[..], vous pourrez conjecturer assez sûrement quel est celui des deux antagonistes qui doit l'emporter et, si vous devez vous-mêmes entrer en lice, vous pourrez raisonnablement vous flatter de devenir victorieux." Comprenez par là qu'en estimant la force de votre adversaire, en prenant simplement connaissance de son parcours et de sa réputation, avant même d'avoir engagé le combat est une façon assez sûre de savoir à quoi s'attendre et jusqu'à quel point se féliciter d'avoir gagné... contre un plus fort que vous, le mérite est grand, contre un plus faible...

"Parce que vous saurez distinguer ce qui est possible de ce qui ne l'est pas, vous n'entreprendrez rien qui ne puisse être mené à bonne fin. Avec la même pénétration, ce qui est loin sera vu comme si c'était sous vos yeux, et inversement."
Règle élémentaire de la prudence. Aux échecs, il s'agit de ne pas mener d'attaques optimistes dont le résultat est trop incertain, on ne doit déclencher une attaque que lorsque l'on est sûr d'obtenir un avantage quelconque. Voir loin, c'est prévoir les conséquences d'une entreprise, et donc y renoncer s'il vous parait qu'elle peut échouer d'une façon ou d'une autre.

"Les troupes doivent être toujours tenues en alerte, sans cesse occupées [..] Elles forment une même famille dans laquelle rien ne doit être négligé pour que règne la paix, la concorde et l'union." Principe pur du jeu d'échecs… « Aidez vos pièces et elles vous aideront ! » Aidez-les en créant une harmonie entre elles, en donnant à chacune une tache à accomplir, et en ne les faisant pas se gêner.

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Article II : Des commencements de la campagne

Dans cet article, Sun Zi dit qu'il ne sert à rien de faire durer une guerre sans raison, bien entendu il s'agit de réels conflits, mais on peut l'interpréter d'une façon morale, à savoir qu'il ne sert à rien de prolonger, dans le cas des échecs, une partie alors que vous pouvez y mettre un terme rapidement.
Personnellement, j'ai déjà joué avec mon adversaire comme un chat avec une souris, et j'ai déjà été la souris de quelqu'un ! Mais dans le premier cas je me souviens être passé pour un sadique, et dans le second j'aurais voulu passer au Bazooka pour tuer en vrai mon adversaire ! En réalité, c'est plus une perte de temps qu'autre chose et ne fait que flatter notre vanité...

"Ne laissez échapper aucune occasion de l'incommoder, faites-le périr en détail, trouvez le moyen de l'irriter pour le faire tomber dans quelques pièges, provoquez des diversions pour lui faire diminuer ses forces en les dispersant." L'incommoder, c'est le menacer de..., le faire périr en détail, c'est bien penser la façon de le mater le roi, l'irriter, c'est être durablement menaçant, ce qui peut entraîner la chute de n'importe quel joueur par harassement, et disperser les forces adverses pour les diminuer est une tactique commune aux échecs : la déviation, l'interception, etc.

Article III : Ce qu'il faut avoir prévu avant le combat

Il faut comprendre avant que le combat ne soit engagé directement et totalement, autrement dit à l'ouverture d'une partie.
"D'abord conserver son pays et les droits qui en découlent et ensuite seulement conquérir le pays ennemi; assurer le repos des cités de votre nation; voila l'essentiel, troubler celui des villes ennemies n'est qu'un pis-aller; protéger contre toute insulte les villages amis, c'est votre premier devoir; faire des irruptions sur les villages ennemis ne se justifie que par la nécessité; empêcher que les hameaux et les chaumines de nos paysans subissent le moindre dommage, voila ce qui mérite votre attention."
Il sera facile de faire l'analogie avec le jeu, s'assurer de bâtir une position solide dans son camp, assurer le repos de votre roi, ne pas attaquer trop tôt, empêcher que l'adversaire ne cause des dommages à votre système de défense, bref, l'essentiel de ce qu'il faut faire durant la phase d'ouverture...

"Sans bataille, immobiliser l'armée ennemie, voila qui est excellent." N'est-ce pas la subtilité du jeu positionnel ? La strangulation en somme, sans combats directs ou passes tactiques.

"Les grands généraux y parviennent en éventant toutes les ruses de l'ennemi, en faisant avorter ses projets [..] en lui enlevant toute possibilité d'entreprendre rien qui puisse être avantageux pour lui." Tuer le contre-jeu, prévenir les pièges tendus...

"Si vous êtes contraints de faire le siège d'une place et de la réduire, disposez vos chars, vos boucliers et vos machines de guerre de telle sorte que rien ne fasse défaut quand il faudra monter l'assaut. Si[..] la place n'a pas été amenée à capituler, c'est qu'il y a faute de votre part. vous devez la trouver et la réparer. redoublez d'efforts, lors de l'assaut, imitez la vigilance, l'activité, l'ardeur et l'opiniâtreté des fourmis." Leçon d'attaque très utile, attaquez avec un matériel suffisant, réfléchir à l'efficacité de l'action et dans l'action, et continuez d'alimenter le combat sans relâche, sans renoncement.

"Par rapport à l'ennemi, vous pouvez vous trouver dans une infinité de situations qu'on ne peut toutes ni prévoir ni énoncer." Et comment ! "C'est votre expérience qui vous suggérera ce que vous aurez à faire dans chaque cas particulier." La Sagesse même... Néanmoins, Sun Zi donne ici quelques conseils, ne considérez pas les nombres qu'il avance, mais plutôt le rapport entre eux :

"- dix fois plus fort que l'ennemi, enveloppez-le sans lui laisser la moindre issue"
Tisser un réseau de mat en somme. "
- Cinq fois plus fort que l'ennemi, attaquez-le par quatre côtés à la fois.
- deux fois plus fort, partagez votre armée de telle sorte que l'une des parties immobilise l'ennemi et que l'autre l'attaque.
- Si vous êtes à égalité, engager le combat [..]
- Mais si vous êtes moins fort que l'ennemi, soyez sur vos gardes, évitez la moindre faute. Efforcez-vous de vous protéger, évitez le combat autant que possible : la prudence et la fermeté d'une petite force peuvent arriver à lasser et à maîtriser même une nombreuse armée." Cette phrase est tout simplement géniale. Certes, elle est une évidence, mais combien de fois en situation de faiblesse l'on tend à se lancer dans des attaques désespérées ?
Souvent il suffit d'une défense solide, regroupée, pour que les assauts répétés de l'adversaire finissent par lui faire commettre une grosse faute et contrairement à ce que l'on pense souvent, il y a un mérite a continuer une lutte même en étant en gros désavantage sauf si bien sûr la fin est inéluctable par quelque variante forcée.

"Pour réussir, la bravoure et la prudence doivent toujours accompagner les efforts et une conduite habile, mais il ne faut qu'une faute pour tout perdre et à combien n'est-il pas exposé d'en commettre ? S'il lève des troupes hors de saison, s'il les met en route lorsqu'elles doivent stationner, s'il ne connaît pas exactement les lieux où il doit les conduire, s'il les poste mal, les déplace sans nécessité, s'il ignore les besoins de chacun de ceux qui composent son armée, si chacun n'est pas à sa place suivant ses aptitudes, afin qu'un bon parti soit tiré de celles-ci, s'il ne connaît pas le fort et le faible de chacun et leur degré de fidélité [..] s'il ne sait pas commander, s'il est irrésolu et hésite lorsqu'il faut prendre parti rapidement[..] un tel général qui commet ces fautes épuise l'Etat."
Il faut donc avant de songer à bien jouer aux échecs, s'armer de qualités morales (bravoure et prudence) de technique (habileté), et éviter les fautes, ici l'énumération fait à chaque fois référence à un aspect du jeu, c'est hallucinant : hors de saison est à comprendre au mauvais moment, les besoins de chacun de ceux de son armée, c'est par exemple le besoin d'un cavalier d'être à un bon avant-poste, c'est son besoin vital, il contrôlera plus de cases et menacera plus. Suivant son aptitude, un fou est plus efficace s'il est mauvais devant sa chaîne de pions plutôt que derrière, leur degré de fidélité serait la confiance que l'on placerai en un bon fou dans une position ouverte plutôt qu'à un cavalier...

Article IV : De la contenance des troupes

"Sun Tse dit : Autrefois, ceux qui avaient l'expérience des combats, ne s'engageaient jamais dans les guerres qu'il prévoyaient ne pas finir avec honneur". La guerre ici prend le sens d'une attaque dans une partie.
"Avant de les entreprendre, ils avaient l'assurance du succès. Si les circonstances ne leur semblaient pas propices, ils attendaient des temps plus favorables. Ils avaient pour principe que l'on n'était vaincu que par sa propre faute, comme on n'étaient victorieux que par la faute des ennemis." Evidemment, sinon toutes nos parties seraient des nulles...
"Savoir ce qu'il faut craindre ou espérer, avancer ou reculer suivant l'état des troupes ou de celui des ennemis, aller au combat quand on est le plus fort et attaquer le premier ou, si l'on est en infériorité, se retrancher sur la défensive, c'est ce que pratiquaient les généraux expérimentés." Point besoin de commentaires.

Et là, une perle de sagesse, je crois l'avoir déjà lu dans le Bréviaire des échecs de Tartakover, sous une forme plus simple :
"Egaler ceux qui ont commandé honorablement, c'est le bon. vouloir être au-dessus du bon, en voulant les dépasser par un excès de raffinement, n'est pas le bon [..] je vous le dis : ce qui est au-dessus du bon est souvent pire que le mauvais."
J'apprécie surtout la raison pour laquelle il ne faut pas vouloir dépasser le bon, c'est par un excès de raffinement, sans nécessité. Donc la volonté de s'élever n'est pas condamnée ici, ce n'est pas une ode a la médiocrité, mais à la simple humilité.

"Les chefs habiles ne trouvent pas plus de difficultés à la guerre, car ils ont paré à toutes les éventualités; ils connaissent le bon et le mauvais de leur situation et de celle de l'ennemi, savent ce qu'ils peuvent et jusqu'où ils peuvent aller. La victoire est une suite naturelle de leur savoir et de leur conduite." Les grands-maîtres géniaux, dont l'aisance et le savoir nous confondent... et je jugement de la position, le bon et le mauvais de la situation...
"Enfin, rappelez-vous les victoires qui ont été remportées, les circonstances de la lutte [..]" Revoir les parties jouées par Fischer, Karpov, les analyser et en tirer profit.
"Apres un premier succès, ne vous endormez pas et ne laissez pas vos troupes se reposer mal à propos. Tombez sur l'ennemi avec la force du torrent qui se précipiterait de mille jin. Ne lui laissez aucun répis et ne pensez à recueillir les fruits de la victoire que lorsque sa défaite totale vous permettra de le faire avec loisir et tranquillité." Bien sûr, mais cela m'est arrivé bien plus d'une fois, savourer une victoire avant l'heure, relâcher l'effort alors que l'adversaire guette la moindre faute. Mille jin correspondent à 2000 m environ, imaginez la force d'un torrent descendant une montagne de 2000 mètres... c'est ce qu'il faut faire après un premier succès. Il est intéressant de voir que c'est une idée extrêmement agressive, il ne s'agit donc pas de considérer la stratégie de Sun Zi comme passive.

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Article V : De l'habileté dans le commandement des troupes

"Sun Tse dit : Prenez le nom de tous vos officiers, inscrivez-les sur un répertoire spécial avec l'indication de leurs capacités et de leurs aptitudes, afin que chacun soit employé suivant ses qualités." Sun Zi insiste ici sur le fait qu'il faut bien connaître ses troupes, leurs caractéristiques, j'ajoute pour l'analogie donc, de prendre le soin de les connaître indépendamment des autres unités, les dompter, les rendre dociles à votre usage.

"Les troupes qu'on lance sur l'ennemi doivent être comme des pierres qu'on jette sur des oeufs." Métaphore profondément orientale, qui fait son charme, et je lui trouve une certaine finesse : peu importe la valeur de l'unité qui attaque, et de celle qui est attaquée, ce qui compte c'est l'effet de la première sur la seconde. Ainsi un pion peut devenir autrement plus dangereux qu'un cavalier même en attaquant une pièce lourde...

"Grand jour et ténèbres, apparence et secret, voila tout l'art [..] En matière d'art militaire et de gouvernement des troupes, on ne considérera que ces deux éléments ; ce qui doit être fait en secret et ce qui doit être exécuté ouvertement, mais, dans la pratique, c'est une chaîne sans fin d'opérations[..] chaque opération militaire a des parties qui demandent le grand jour et des parties qui veulent le secret de la nuit." Cela a tout de suite intrigué mon esprit : prenez une combinaison que vous souhaitez exécuter. Considérez l'ordre des coups de cette combinaison : pourquoi ne pas jouer les coups dans l'ordre qui laissera le moins deviner vos intentions ? souvent c'est par négligence qu'on l'exécute en dévoilant le plan dès le premier coup, alors qu'avec un peu de réflexion, on peut agencer ceux-ci de telle sorte que jusqu'au dernier moment l'adversaire ne peut être avisé de l'intention finale...

"Aussi quelques bonnes, quelques sages que soient les mesures que vous avez prises, ne cessez pas d'être sur vos gardes, de veiller et de penser à tout et ne vous abandonnez jamais, ainsi que vos troupes, à une présomptueuse sécurité." Cela diffère du dernier principe de l'article IV en ce sens que celui-ci s'applique à une position défensive.

"ceux-la possèdent véritablement l'art de bien commander les troupes, qui ont su et qui savent rendre leur puissance formidable[..] qui ne font rien avec précipitation, qui gardent, dans les moments de surprise, le même sang-froid que s'il s'agissaient d'actions méditées[..] et pour qui la promptitude dans la décision n'est que le fruit de la méditation préalable jointe à une longue expérience." Encore un élément marquant de la culture orientale, une forme de ruse par la maîtrise de ses émotions, rester constant même quand on est surpris. Un autre petit arrêt sur le dernier passage de cette phrase, concernant la promptitude : Un grand-maître qui fait une simultanée jouera souvent plus vite que ses adversaires, or cela n'est humainement possible qu'en ayant une bonne dose de connaissances méditées préalablement (schémas récurrents après telles ou telles ouvertures) et une longue pratique du jeu... comparable aussi au jeu de blitz.

"Au cours de la mêlée et dans le désordre apparent, ils tiennent un ordre imperturbable [..] mais faire servir le désordre à l'ordre n'est possible qu'a celui qui a profondément réfléchi aux événements qui peuvent survenir [..] qu'à ceux qui détiennent une maîtrise absolue." Il suffit pour s'en convaincre de prendre une position particulièrement touffue, équilibrée, et de voir ce que tel ou tel champion en a dégagé comme plan !

"Si grand et si prodigieux que cela paraisse, j'exige cependant quelque chose de plus de ceux qui commandent les troupes : c'est l'art de faire mouvoir à son gré les forces ennemies. ceux qui disposent de cet art admirable disposent de l'attitude de leurs troupes et de l'armée qu'ils commandent. L'ennemi vient à eux quand ils le désirent et il leur fait des offres; ils donnent a l'ennemi et celui-ci accepte ; il lui abandonne et il vient prendre. Prêts à tout, ils profitent de toutes les circonstances." J'avoue que cet art m'échappe complètement, mais je me suis souvenu d'un épisode dans une de mes parties contre un joueur bien plus fort que moi. La position était bloquée et le matériel égal. Dans un coin de l'échiquier (a5-a6 b5-b6), je courrais derrière la dame ennemie que je croyais pouvoir prendre, en fait, c'était un piège, après avoir contourné un îlot de pions, elle me forçait à perdre un fou engagé dans sa poursuite... édifiant de ce principe.

Article VI : Du plein et du vide

"Sun Tse dit : Avant le combat, une chose essentielle, c'est de bien choisir le point de rassemblement de vos troupes." Elémentaire. encore comprendre avant de déclencher une attaque. Silman aurait dit : décider du secteur de l'échiquier où vous porterez vos efforts.

"Etre le premier en place est à rechercher." Dans le cas où il y a une volonté réciproque de contrôler un secteur, le centre par exemple...

"La grande science est de lui faire vouloir ce que vous voulez qu'il fasse et de lui fournir, sans qu'il s'en aperçoive, tous les moyens de vous seconder." En partant de votre adversaire. Référence à l'art de manipuler ses troupes de l'article précédent.

Mais Zun Si en fait une arme de premier choix :

"Ayant ainsi disposé de votre point de rassemblement et de celui de l'ennemi, patientez tranquillement afin que votre adversaire esquisse ses premiers mouvements ; mais en attendant, efforcez-vous de l'affamer au milieu de l'abondance, de le tourmenter dans le sein du repos et de lui susciter mille inquiétudes dans le temps même où il devrait se trouver en pleine sécurité. Mais si l'ennemi ne répond pas à votre attente, qu'il reste inerte et ne parait pas disposé à quitter sa zone de rassemblement, sortez-vous même de la votre. Par votre mouvement, provoquez le sien, donnez-lui de fréquentes alertes, faites-lui naître l'occasion de quelques imprudences dont vous puissiez profiter." Et refusez les propositions de nulles prématurées ! Stratégie offensive encore une fois, Sun Zi insiste tout de même que le but est de provoquer l'ennemi plutôt que de l'assaillir précipitamment, sûrement parce qu'il juge cela trop hardi ou téméraire.

"S'il n'est pas opportun de livrer combat [..] tenez-vous derrière vos retranchements, prenez vos dispositions pour soutenir l'attaque et préparez les contres-attaques utiles." En effet, souvent sous les attaques ennemies on ne songe qu'à se défendre passivement, en espérant que le feu cessera, or la multiplication des pressions fait que le bastion défensif s'effondre bien vite. Donc il faut songer dans cette défense aux contres-attaques possibles, mais pas désespérées...

"Veillez attentivement à ne jamais séparer les différents corps de votre armée. Toujours ils doivent pouvoir se prêter une aide réciproque. Au contraire, par vos diversions, faites que l'ennemi sépare ses éléments." Coordination des pièces, assistance mutuelle... et ruse.

"instruit de ses plans, de ses marches, et de ses manoeuvres, chaque jour vous le verrez se rapprocher du théâtre où vous voulez qu'il vienne." Lire : chaque coup. Bien sûr, et la meilleure façon est de s'interroger à chaque moment, que cherche-t-il à obtenir en faisant ceci ?
Un autre bijoux de compréhension de l'art du combat :

"Ne cherchez pas le nombre : la quantité est souvent plus nuisible qu'utile. Sous un bon général, une petite armée, bien disciplinée, est invincible." Dans la pensée de Sun Zi, invincible prend le sens d'inattaquable, très bien défendue et se défendant très bien.

"Avant d'attaquer, examinez scrupuleusement si vous avez mis toutes les chances de votre côté." Calculer et recalculer pour vérifier le plan.

Et de conclure cet article par une image savoureuse :

"Sans pente, l'eau ne peut couler."
Qu'il explique de cette façon : "Mal commandées, les troupes ne peuvent vaincre : c'est le général qui décide de tout.[..] Il n'y a pas de qualités permanentes qui rendent les troupes invincibles et les plus mauvais soldats peuvent devenir d'excellents guerriers." Sans commentaires.

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Article VII : Des avantages qu'il faut se procurer

"Il n'est pas bon de s'engager dans de petites actions dont il n'est pas certain que vous tiriez profit [..] la précipitation est toujours dangereuse." Voilà pour le pion si facilement pris au détriment d'une position disloquée.

"Le moins qu'il puisse vous arriver, si le résultat est douteux ou la réussite incertaine, c'est de vous voir frustré de la plus grande partie de vos espérances et de ne pas parvenir à vos fins." Sun Zi, psychologue à ses heures.

Sur l'effet de surprise : "Un ennemi surpris est à demi vaincu. Mais si vous lui laissez le temps de se reconnaître, il trouvera les ressources pour vous échapper et peut-être vous perdre."

Article VIII : Des neufs changements

Plutôt que de les énumérer, je cite l'idée qui les sous-tend :

"Un bon général ne doit jamais dire : quoi qu'il arrive, je ferai telle chose, j'irai là, j'attaquerai l'ennemi, j'assiègerai telle place [..] Un bon général doit savoir l'art des changements. S'il se borne à une connaissance vague de certains principes, à une application routinière des règles de l'art, si ses méthodes de commandements sont dépourvues de souplesse, s'il se borne à examiner les situations conformément à quelques schémas, s'il prend ses résolutions d'une manière automatique, il ne mérite pas le nom qu'il porte et il ne mérite même pas de commander."
Et deux dernières règles très utiles : "Il ne s'agit pas de deviner (car à trop faire d'hypothèses, vous risquez d'être victimes de vos conjectures précipitées) mais seulement d'opérer toujours en sûreté, d'être toujours en éveil, de s'éclairer sur la conduite de l'ennemi [..] Pour ne pas être accabler par la multitude de travaux et d'efforts à accomplir, attendez-vous toujours à ce qu'il y a de plus dur et de plus pénible et travaillez sans cesse à susciter des difficultés à votre adversaire." On se demande ou les penseurs de ces deux derniers siècles allaient pêcher leur fameux : faites comme si l'adversaire trouvera toujours le meilleur coup.

Par contre, je ne résiste pas à donner les dangers qui selon lui menace un général :
"- La témérité à risquer la mort [..] un général qui s'expose sans nécessité [..] est un homme qui n'est bon qu'à mourir."
"- L'excès de précaution à conserver sa vie. Bientôt manoeuvré, il périra par le trop grand souci qu'il avait de conserver sa vie."
"- Le manque de maîtrise de soi-même"
"- Un point d'honneur mal entendu [..] Pour réparer une atteinte à son honneur, on le perd parfois irrémédiablement."
"En somme : sans trop chercher à vivre ou à mourir, le général doit se conduire avec valeur et prudence, selon les circonstances."

Tout est dans la mesure, c'est un réel état d'esprit que celui de meneur de troupes.

A partir de maintenant, je ne sélectionne que quelques passages sur tout les articles, en vrac :

Sun Tse dit : "Avant de stationner vos troupes, sachez dans quelles position sont les ennemis, renseignez-vous sur le terrain et choisissez ce qui vous offre le plus d'avantages.", avec celle-ci, c'est l'essence même du jeu positionnel qui est louée : "De l'art de faire stationner judicieusement ses troupes dépend la plus grande partie des succès militaires."

Ou encore, et on retrouve là l'importance du centre, la valeur relative des cases et des lignes :

"Tous les lieux de la Terre ne sont pas d'une valeur équivalente. S'il en est que vous devez fuir, d'autres sont à rechercher, tous doivent être connus [..] Mais, en toutes circonstances, que vous vouliez occuper un emplacement favorable ou évacuer un lieu dangereux ou incommode, faites vite comme si l'ennemi avait la même préoccupation que vous."
et de conclure : "ceux qui sont véritablement habiles dans l'art militaire font toutes leurs marches sans risque, tous leurs mouvements sans désordre, toutes leurs attaques à coup sûr, toutes leurs défenses sans surprises, leurs campements avec choix, leur retraite par système et avec méthode. Ils connaissent leurs propres forces, celles de l'ennemi, et ils sont instruits de tout ce qui concerne les lieux."

La dernière sera une image certes pas très noble (du point de vue occidental, en Chine le serpent est un animal respecté), mais tellement représentative de la souplesse qu'exige l'art de diriger des troupes au combat :

"Pour être invincible, votre armée doit ressembler au Shuai-jan, ce gros serpent des montagnes du Tchang-chan. Frappé à la tête, la queue va au secours de celle-ci et, si on menace la queue, c'est la tête qui vient la protéger ; menacé dans la partie centrale de son corps, tête et queue se réunissent aussitôt pour la parade. Cela est-il possible pour une armée ? Je réponds : cela se peut, cela se doit et il le faut."

Que dire face à une détermination pareille, si ce n'est que l'on y croit sur parole ?
Sun Zi est celui qui posa les fondements de la stratégie militaire. Pourtant, quelques temps après lui, les hordes de cavaliers mongols causaient de lourds dégâts aux empires de Chine.
Ses idées furent ainsi oubliées durant une longue période de l'histoire, et ce n'est que récemment qu'elle furent remises à l'ordre du jour. A la moitié du siècle dernier, lorsque la guerre de tranchées exigeait de telles techniques de combat, puis aujourd’hui, ou ce livre sert de guide aux plus grandes entreprises nippones, américaines et anglaises...

J'espère que vous avez apprécié la lecture de ces textes, moi je suis fasciné, et je pense que pour un amateur, aborder le jeu d'échecs avec une telle optique, c'est se préparer à de nombreuses victoires.
Les vôtres peut être !

En tout cas, Chaliand résume bien cette pensée : "L'universalité des principes militaires de Sun Zi se trouve confortée par le champ considérable où l'intelligence des rapports de forces trouve intérêt à s'exercer de façon organisée."

Funny Valentine


Décidément, les males japonais sont mes idoles. Voici le détail qui tue : pour la St Valentin japonaise, ces hommes d’une autre dimension n’offrent rien à leurs dulcinées. Ce jour là ce sont les femmes et uniquement elles qui offrent un présent aux hommes.

Les présents en question sont essentiellement des boîtes de chocolat. Les plus cucu praline d’entre elles offrent des boites de biscuit. En gros, si t’es japs et que ta nana t’offre des biscuits chocolat menthe, tu peux laisser éclater ta joie, te dire que ta côte est au top, et que ce soir, c’est la fête du string dans ta chambre à coucher. La St Valentin au Japon est une journée de soumission pour la femme.

Pourquoi est-ce ainsi? Probablement parce que la vie est injuste. Mais en réalité, c’est parce que la St Valentin a été importée de France. Le bon male japonais de base préférera honorer retourner la faveur, un mois plus tard, le 14 mars, le « Jour Blanc ». Intéressant : cette journée a été introduite dans les années 60, par un fabricant japonais de marshmallow, d’où la couleur.

Il existe pour les couples et ceux qui désirent déclarer leur flamme un jour encore plus important que la St valentin: Noël. En effet cette ne se passe pas en famille mais avec l'être aimé.

Ils sont terribles, n’est-ce pas ?

Autrement, il n’y a pas de mystère : pour techniquement pécho ta nana le soir de la St Valentin, quelques expressions de circonstance s’imposent, comme chez nous finalement.

Pot-pourri spécial St Valentin :

Phase 0


Approche romantique



Je t'aime. = Aishiteru
Tu es belle.
= Kirei-dayo
Tu es sexy.
= Irropoi
Tu as de beaux yeux! = Kirei-na hitomi-dane
Tu sens bon. = Ii nioi
Ferme les yeux. = Me-o tojite
Tu as un bon corps. = Kirei-na karada-dane
Je te veux. = Anata-ga hoshi
Embrasse-moi. = Kisu shite


Phase 1


Dans le feu de l’action




Encore, encore. = Motto motto
Je me sens bien. = Kimochi ii
Touche-moi. = Sawatte
Mords-moi. = Kande
Plus vite. = Motto hayaku
Plus doucement. = Motto yukkuri
Enfonce. = Motto fukaku


Phase 2


Un peu de RP, obligé !



C'etait bon?. = Yokkatta-wa?
Je ne veux pas d'enfants. = Aka-chan hoshikunai-no
Tu prends la pillule? = Piru nonderu?

Veux-tu te marier? = Kekkon shite-kureru?
Je ne veux pas me marier pour l'instant. = Mada kekkon shitakunai.
C'est fini. = Mo owari-yo



Kusodomo souhaite un joyeux anniversaire à MK

14 févr. 2006

Highway to hell



Vendredi est le jour de la Libération Hebdomadaire du Peuple Travailleur Mondial.

Bien évidemment, j'exclus de "Peuple" tous les reptiliens qui prennent leur pied en déboulant au bureau le samedi après midi, mal rasés, en jean et polo Ralph Lauren, le regard artificiellement assombri par le faux stress de la productivité. Qu’est ce qui motive ces gens putain ?


Comme tous les vendredi soirs donc, je m'enfuis de l'enfer du travail par la porte principale, et je prends l'autoroute pour rentrer chez moi. Ou chez mes parents plus précisément. Oui, j'ai presque 26 ans et j'habite toujours chez mes parents. Mais j’ai mes raisons. Exode en cours.

En dépassant l'énième no mans land côtier, la société des autoroutes, à l’aide de ses magnifiques panneaux bleus en aluminium, m’annonce la couleur : dans 1 Km, j'aurai le choix de continuer mon chemin par l'autoroute ou alors de prendre la "DERNIERE SORTIE AVANT PEAGE". J’ai plusieurs fois eu envie de tagger ce panneau, pour remplacer « sortie » par quelque chose de plus cynique, comme « chance ».

C’est vrai tout de même : que pourrait-il bien se produire de si dramatique pour qu’on nous précise une chose pareille ? Ces idiots n’acceptent même pas les cartes de crédit. Je fais comment pour payer si je n’ai pas de liquide sur moi ? Petit constat simpliste : on paye pour tout : pour mettre de l'essence pour conduire, pour lever une barrière de péage, pour stationner. On paye pour avancer et pour s’arrêter. On va bientôt devoir payer pour respirer crénom de ...

Un truc scintille sur la route. C’est un petit animal.


Je freine, descends de la voiture, cours comme un fou sur le goudron -dans mon nouveau costume Hugo Boss en flanelle grise- récupère le machin et le cale entre mes mains. Il se tenait en plein milieu de la chaussée ce petit con. Un vrai petit poussin de base : jaune, petit, le regard débile d'un pauvre animal destiné à la l’industrie agro alimentaire, cui cui, cui cui.

N’empêche qu’il a vraiment une sale tronche. La petite bête infâme me chie alors entre les mains. Je pourrais lui briser le cou tout de suite si j'en ai envie. Je marche jusqu'à la voiture, le met dans une boite trouée et la fout dans le coffre.
Après un questionnement intense sur la destinée de cette petite bête, je décide de laisser la fatalité gérer la situation : je pense que je vais le manger, dès ce soir. Je ne sais vraiment pas si ça se mange. Enfin…

En ces temps incertains pour la santé humaine, il est fortement déconseillé de manger des animaux non tracés. Et mon poussin était bel et bien non tracé. Tant pis et dommage et cui cui cui. Je vais finalement dîner avec Karim. Je prends mon Nokia, et tape Karim en mode T9 pour accélérer la recherche répertoire.
Il affiche "LAPIN".
J’ai envie de lapin à présent. Mais je vois vraiment pas où manger du bon lapin à Casa.

Saloperie de siècle.

8 févr. 2006

"La Mort en Arabie" ou comment un danois s'est introduit chez moi à 11 heures du soir


Gavé d'information sur l'Affaire des caricatures du prophète, je pris la sage décision hier soir de ne pas allumer ma télé.

Je n'avais plus rien à lire, à part des manuels d'échecs old shool et deux bouquins déjà lus : un Norman Mailer et un Bukovski. N'étant pas dans le mood adéquat pour les relire, je continue alors de chercher dans ma chambre.

C'est alors que je tombe sur un livre que j'étais descendu chercher à la cave, chez mes parents, il y a six mois de celà: "La Mort en Arabie".
Je ne me souviens plus de ce qui avait retenu mon attention sur ce bouquin en particulier.

Des indices pourtant : quand je cherche un livre, j'applique plusieurs filtres .
D'abord, j'évite toute autobiographie ou biographie figées : la vie des gens me saoule, seul l'immaginaire et le voyage m'intéressent. Je me fous de savoir par exemple ce que foutait le Goncourt 2006 pendant trois années chez sa mère, alors qu'il récupérait d'une dépression nerveuse. C'est nombriliste et stérile.
Ensuite, pas de bouquin français ou marocain : ils sont complètement largués, déconnectés de la littérature actuelle. Je privilégie des traductions d'auteurs US, ou Russes, ou Asiatiques, ils ont une vision différente et instructive de la vie et des choses en général.
Enfin, le bouquin doit dégager une sensation de mouvement, le récit doit être vivant, le personnage principal doit rencontrer du monde, souffrir, perdre espoir en la vie ,et tel le phoenix, renaître pour changer d'avis sur son univers.

"La Mort en Arabie" correspondant à ces critères, je le pris pour ne le quitter que tard le soir.

Sur la jaquette, on peut y lire :

"Récit de voyage magnifique relatant une expédition danoise en Arabie heureuse ou "felix arabia" ou encore Yémen à la fin du 18e siècle... Ils sont cinq scientifiques européens : un philologue, un botaniste physicien, un mathématicien astronome, un médecin physicien et un peintre graveur. Ils vivront un enfer... un seul reviendra au bout de 6 ans.

Thorkild Hansen a repris les carnets de voyages des uns et des autres et nous montre toutes les vanités, les bassesses et les trahisons de ces hommes de sciences, appartenant au siècle des Lumières. Tous veulent le pouvoir ou la gloire et tous ont peur de la maladie et de la mort qui les touchent un par un. Ils se sentent seuls, loin de leur famille, ils reconnaissent que le pays ( le Yemen) est magnifique mais ils sont trop faibles pour combler le décalage culturel qui devient trop grand et leur expédition perd tout son sens.

Il y a beaucoup de poésie dans les évocations du Yémen et de violences dans les rapports humains entre eux. On mesure l'importance d'un projet vraiment fédérateur et la préparation avant le départ..."

Je n'ai jamais lu de bouquin danois de toute ma vie, je pensais bêtement que c'était intraductible.

Et aujourd'hui, alors que les intégristes saccagent les représentations diplomatiques danoises en réaction à la parution de représentations outrancières (et blasphématoires?) de Mahomet, je me retrouve avec un gros pavé danois dans la main.

Coincidence? Hasard? Destin? Fatalité?

J'ai lu une trentaine de page hier soir. Ce livre s'annonce magnifique.
Open your mind

3 févr. 2006

Pronostic




Les mythes fondateurs des grandes sociétés mondiales, E-U, Chine, Japon, ex-URSS, sont la mort, la guerre, la haine de l'autre. Le mythe fondateur de l'Espagne par exemple est la victoire contre les arabes et leur éviction de la péninsule ibérique.

L'Europe se dirige vers cette triste erreur historique.

C'est normal en réalité : les européens sont à présent unis autour de la haine de l'Arabe et de l'Islam.
Ces européens pseudo-démocrates sont en réalité de pauvres consuméristes réactionnistes, frustrés, leur haine éclate aujourd'hui, dès que le moindre prétexte se présente.

C'est exactement ce genre d'idées qui circule dans la masse populaire. Vu le timing serré des élections l'an prochain, on peut aussi nommer cette masse la Majortié. C'est dommage.


En France, je pronostique que JM Le Pen sera élu président en 2007.
Parceque leur majorité est semblable à la nôtre, désinformée et passionnée, tandis que leur élite, à l'image de la nôtre en bien des points, ne ressent que du mépris à son encontre.

Futur Rationnel

Ce qui différencie des individus au cours d'une réunion de travail, ou un groupe d'amis discutant politique autour d'un pot , c'est leur degré de documentation, tout simplement.
En effet, ce n'est qu'à travers la maîtrise des données chiffrées que la chaine de valeur est solidement établie, que le concept est clairement visualisé dans l'esprit de l'individu, donnant à ce dernier les armes nécessaires pour produire une prestation incassable; incassable parceque rationnelle.

L'expression, la communication, la confiance en soi et "l'habit fait le moine" sont mises au placard car le monde - en particulier le monde du travail- est en mutation. " Un monde nouveau vous appelle : le Monde du Rationnel" serait le slogan du changement. Monde qui se divise à présent en 2 catégories : les Supérieurs et les Inférieurs.

Les Inférieurs ont souvent trop étudié pour rien, ou alors pas du tout, et ont immanquablement connu l'échec : leur cerveau n'est pas assez rapide, pas assez entrainé, il manque de logique, de concentration, de vision, de pondération et surtout, de pertinence. Le temps détruisant tout, ils n'ont pas pu saisir leur chance. Les Inférieurs sont à l'origine de ce monde qui meurt, ils ont sans relâche et involontairement nourri le ver dans la pomme.

Les Supérieurs eux, sont dopés à l'intelligence, à la fois intellectuelle et émotionnelle. Ils ont su profiter du temps. Ces génies modèles-réduits sont de purs "Problem Solvers". Ingénieurs de haut vol, ils peuvent tout comprendre, plus vite , différemment, mieux, et ainsi, trancher, décider, orienter la population des Inférieurs selon leur stratégie, trustant de ce les postes les plus influents.

La domination de la rationnalité fluide a fini de tuer les derniers espoirs de la paresse et de la "culture de l'à peu-près". Les miracles se produisent de moins en moins dans la vie, et sur les lieux de travail, encore moins.

La parole est à l'accusation, la société des Supérieurs, bien décidée à tout chambouler pour le bien de tous.


Pourquoi pas?

Jugband Blues



It's awfully considerate of you to think of me here
And I'm much obliged to you for making it clear that I'm not here.
And I never knew the moon could be so big
And I never knew the moon could be so blue
And I'm grateful that you threw away my old shoes
And brought me here instead dressed in red
And I'm wondering who could be writing this song.

I don't care if the sun don't shine
And I don't care if nothing is mine
And I don't care if I'm nervous with you
I'll do my loving in the winter.

And the sea isn't green
And I love the Queen
And what exactly is a dream
And what exactly is a joke.


La semaine prochaine : Bike