14 févr. 2006

Highway to hell



Vendredi est le jour de la Libération Hebdomadaire du Peuple Travailleur Mondial.

Bien évidemment, j'exclus de "Peuple" tous les reptiliens qui prennent leur pied en déboulant au bureau le samedi après midi, mal rasés, en jean et polo Ralph Lauren, le regard artificiellement assombri par le faux stress de la productivité. Qu’est ce qui motive ces gens putain ?


Comme tous les vendredi soirs donc, je m'enfuis de l'enfer du travail par la porte principale, et je prends l'autoroute pour rentrer chez moi. Ou chez mes parents plus précisément. Oui, j'ai presque 26 ans et j'habite toujours chez mes parents. Mais j’ai mes raisons. Exode en cours.

En dépassant l'énième no mans land côtier, la société des autoroutes, à l’aide de ses magnifiques panneaux bleus en aluminium, m’annonce la couleur : dans 1 Km, j'aurai le choix de continuer mon chemin par l'autoroute ou alors de prendre la "DERNIERE SORTIE AVANT PEAGE". J’ai plusieurs fois eu envie de tagger ce panneau, pour remplacer « sortie » par quelque chose de plus cynique, comme « chance ».

C’est vrai tout de même : que pourrait-il bien se produire de si dramatique pour qu’on nous précise une chose pareille ? Ces idiots n’acceptent même pas les cartes de crédit. Je fais comment pour payer si je n’ai pas de liquide sur moi ? Petit constat simpliste : on paye pour tout : pour mettre de l'essence pour conduire, pour lever une barrière de péage, pour stationner. On paye pour avancer et pour s’arrêter. On va bientôt devoir payer pour respirer crénom de ...

Un truc scintille sur la route. C’est un petit animal.


Je freine, descends de la voiture, cours comme un fou sur le goudron -dans mon nouveau costume Hugo Boss en flanelle grise- récupère le machin et le cale entre mes mains. Il se tenait en plein milieu de la chaussée ce petit con. Un vrai petit poussin de base : jaune, petit, le regard débile d'un pauvre animal destiné à la l’industrie agro alimentaire, cui cui, cui cui.

N’empêche qu’il a vraiment une sale tronche. La petite bête infâme me chie alors entre les mains. Je pourrais lui briser le cou tout de suite si j'en ai envie. Je marche jusqu'à la voiture, le met dans une boite trouée et la fout dans le coffre.
Après un questionnement intense sur la destinée de cette petite bête, je décide de laisser la fatalité gérer la situation : je pense que je vais le manger, dès ce soir. Je ne sais vraiment pas si ça se mange. Enfin…

En ces temps incertains pour la santé humaine, il est fortement déconseillé de manger des animaux non tracés. Et mon poussin était bel et bien non tracé. Tant pis et dommage et cui cui cui. Je vais finalement dîner avec Karim. Je prends mon Nokia, et tape Karim en mode T9 pour accélérer la recherche répertoire.
Il affiche "LAPIN".
J’ai envie de lapin à présent. Mais je vois vraiment pas où manger du bon lapin à Casa.

Saloperie de siècle.