8 févr. 2006

"La Mort en Arabie" ou comment un danois s'est introduit chez moi à 11 heures du soir


Gavé d'information sur l'Affaire des caricatures du prophète, je pris la sage décision hier soir de ne pas allumer ma télé.

Je n'avais plus rien à lire, à part des manuels d'échecs old shool et deux bouquins déjà lus : un Norman Mailer et un Bukovski. N'étant pas dans le mood adéquat pour les relire, je continue alors de chercher dans ma chambre.

C'est alors que je tombe sur un livre que j'étais descendu chercher à la cave, chez mes parents, il y a six mois de celà: "La Mort en Arabie".
Je ne me souviens plus de ce qui avait retenu mon attention sur ce bouquin en particulier.

Des indices pourtant : quand je cherche un livre, j'applique plusieurs filtres .
D'abord, j'évite toute autobiographie ou biographie figées : la vie des gens me saoule, seul l'immaginaire et le voyage m'intéressent. Je me fous de savoir par exemple ce que foutait le Goncourt 2006 pendant trois années chez sa mère, alors qu'il récupérait d'une dépression nerveuse. C'est nombriliste et stérile.
Ensuite, pas de bouquin français ou marocain : ils sont complètement largués, déconnectés de la littérature actuelle. Je privilégie des traductions d'auteurs US, ou Russes, ou Asiatiques, ils ont une vision différente et instructive de la vie et des choses en général.
Enfin, le bouquin doit dégager une sensation de mouvement, le récit doit être vivant, le personnage principal doit rencontrer du monde, souffrir, perdre espoir en la vie ,et tel le phoenix, renaître pour changer d'avis sur son univers.

"La Mort en Arabie" correspondant à ces critères, je le pris pour ne le quitter que tard le soir.

Sur la jaquette, on peut y lire :

"Récit de voyage magnifique relatant une expédition danoise en Arabie heureuse ou "felix arabia" ou encore Yémen à la fin du 18e siècle... Ils sont cinq scientifiques européens : un philologue, un botaniste physicien, un mathématicien astronome, un médecin physicien et un peintre graveur. Ils vivront un enfer... un seul reviendra au bout de 6 ans.

Thorkild Hansen a repris les carnets de voyages des uns et des autres et nous montre toutes les vanités, les bassesses et les trahisons de ces hommes de sciences, appartenant au siècle des Lumières. Tous veulent le pouvoir ou la gloire et tous ont peur de la maladie et de la mort qui les touchent un par un. Ils se sentent seuls, loin de leur famille, ils reconnaissent que le pays ( le Yemen) est magnifique mais ils sont trop faibles pour combler le décalage culturel qui devient trop grand et leur expédition perd tout son sens.

Il y a beaucoup de poésie dans les évocations du Yémen et de violences dans les rapports humains entre eux. On mesure l'importance d'un projet vraiment fédérateur et la préparation avant le départ..."

Je n'ai jamais lu de bouquin danois de toute ma vie, je pensais bêtement que c'était intraductible.

Et aujourd'hui, alors que les intégristes saccagent les représentations diplomatiques danoises en réaction à la parution de représentations outrancières (et blasphématoires?) de Mahomet, je me retrouve avec un gros pavé danois dans la main.

Coincidence? Hasard? Destin? Fatalité?

J'ai lu une trentaine de page hier soir. Ce livre s'annonce magnifique.
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