Je suis ton rêve
"Je suis ton rêve".
C'est pour moi le véritable slogan de la campagne victorieuse de Barack Obama.
Où encore une fois, dans le plus pur style du cinéma américain, tout se mélange: la politique, la religion, la guerre, l'espoir, les larmes, la magouille, le fric, les noirs, les blancs, les gens.
Oui, les gens, le fameux public de la star’ac et de France 24.
Les électeurs.
Les spectateurs du monde entier.
Les instituts de sondage, extatiques: ils célèbrent la victoire de 5% malheureux degrés d'incertitude et le désir mondial d'un monde meilleur, dont la preuve d'existence se résume à quelques sondages absurdes, tellement martelés qu'ils deviennent LA réalité des terriens, un monde absout, devenu subitement innocent de tous ses pêchés.
Obama est beau.
Obama est grand.
Obama est notre salut.
Avé Obama.
Obama est Dieu.
D'ailleurs, il nous le demande: ne craignez plus rien!
Ni la guerre, ni la peur, ni la mort!
Ni Dieu j'ai envie de dire...
Nul besoin de préciser ici qu'il n'a encore JAMAIS pu prouver quoi que ce soit.Mais en seulement quatre jours, cet homme a relevé un défi unique, celui d'être présent partout en même temps, quasi exclusivement dans la tête du public, les gens.
Moi même, la nuit du 4 novembre, j'ai rêvé de Barack Obama: dans ce rêve, il perdait les élections au profit d'une femme d'une cinquantaine d'années, obèse et vêtue d'un tailleur vert et blanc. Je me suis alors réveillé la nuit, vers 4h50, pour aller boire un peu d'eau. Je me suis ensuite retrouvé devant mon téléviseur, vacillant entre le sommeil et le réel, la défaite d'Obama me semblant tellement réelle dans le rêve qu'en allumant sur CNN pour lire "Obama elected", j'ai été réellement choqué.
J’ai mis un bon moment à percuter.
Alors considérons par défaut qu'il est "so fresh so clean" mais par honnêteté, notons ici l'effet de psychologie inverse savamment distillé par la Fox et les détracteurs d'Obama avant le 4 novembre: tous les arguments de propagande négative ont été retournés comme des crêpes - car nuls: Obama fume, Obama est musulman, Obama est contre la guerre avec l'Iran, Obama est noir(*) - par M. Obama, David et sa batterie de conseillers en communication.
Du coup, l'effet inverse est produit: quand on aborde la personne d'Obama, tout devient merveilleux et immaculé de blanc et de volupté.
Du miel et des pralines.
Obama est donc un bisounours.
Je suis triste de faire partie d'un monde qui sombre dans un délire scénarisé où un homme seul est reconnu par tous comme le sauveur. Notre sauveur. Jésus a encore ressuscité. On se croirait à Naplouse il y a 2000 ans bordel...
L'esprit critique s'est barré sur la Lune et a laissé place à l'espérance des misérables.
Toutes les races sont à présent suspendues aux lèvres d'une légende "under construction".
Tout le public s'est déjà soumis à son nouveau maître.
Et attend de savourer le plus beau des rêves.
Obama a fait encore mieux que Sarkozy, qui avait on doit le reconnaître un minimum de programme économique. Admettons aussi que le contexte de 2007 favorisait le développement d'approches économiques et sociales largement applicables.
Mais là, en 2008, année du rat, que reste-t-il?
Rien.
Tout s'est écroulé.
La planète est au bord du KO.
La crise financière est en train de se transformer en une sorte d'ogre qui avale tout sur son passage.
Il n’y a plus de droite, plus de gauche.
Il n’y a plus qu’Obama.
Qui va nous sauver la baraque.
Bande de crétins.
(*)Il est métis, et pas noir, et je considère, comme je ne suis pas raciste, qu'il est normal qu'un noir, un métis, un asiat ou un nain de jardin soit porté au pouvoir par ses concitoyens.
Il ne devrait y avoir rien d'exceptionnel en cela.
Mais vu le passé raciste d'une grande majorité d'américains, tout le monde doit évidemment culpabiliser un minimum, ça rajoute à la dramatique de situation...