25 avr. 2008

Acte 1 Scène 1

Charon, Kuso, son chien Youki.

CHARON: Bienvenue dans ma modeste barque, humain!
KUSO: Salut. Moi c'est Kuso, enchanté.
CHARON: Tu peux m'appeler Charon.
KUSO: Ariel?
CHARON: Pardon?
KUSO: Non, rien, désolé... Purée, quelle galère? C'est quoi ce courant? Ca tire sérieusement, hein?
CHARON: Et comment? Les fleuves de l'Enfer débouchent invariablement sur le marais que tu vois au loin, d'où cet effroyable courant. Tu verras, c'est quelque chose le Marais. c'est chaud!
KUSO: Hmm... Ça sent quand même la mort ici... Bon, tu me tutoies, je te tutoies aussi?
CHARON: Pff...pour ce que ça change honnêtement...
KUSO: Et bien c'est parfait.
CHARON: Formidable.
KUSO: Tu me passes un peu d'eau? J'ai soif.
CHARON: Le mot magique?
KUSO: Ou sinon quoi?
CHARON: Rien. Le pire est à venir, donc nul besoin de t'accabler. Allez, tiens, bois.
KUSO: Je crevais de soif. Merci. J'ai essayé de trouver un point d'eau en arrivant, mais hormis la flotte déguelasse du fleuve, il n'y a pas une goutte d'eau dans les parages. Et puis, ça caille. C'est toujours comme ça?
CHARON: Tu m'étonnes. Moi je suis là depuis la nuit des temps, et l'atmosphère est toujours la même. Glaciale. Mortelle. Ca change du cliché du feu éternel, n'est ce pas?
KUSO: Mouais, on verra une fois plus bas ce qu'il en est réellement. Sinon, tu dois t'emmerder sec par ici! C'est vrai quoi: hormis les déserts de part et d'autre du fleuve, tu sembles bien être tout seul dans le coin.
CHARON: Yep. Alone in the Dark.
KUSO: Comment tu fais pour gérer tout le flux entrant en Enfer?
CHARON: En fait, mon collègue Phlégyas s'occupe de l'Amont. Et contrairement à ce qui se dit en haut, peu de personnes finissent ici bas. Donc à deux, ça va, on s'en sort. Depuis deux mille ans, c'est calme, étrangement calme. Surtout ici vers l'Aval.
KUSO: Sans déconner?
CHARON: La vie de ma mère! Tu es le premier sur ma barque depuis l'équivalent d'au moins cinquante années en haut.
KUSO: Incroyable. Le leader est si magnanime que ça?
CHARON: Ne t'enflamme pas! Désolé, le jeu de mot était trop beau... Y a des pistonnés bien sûr, mais en gros, c'est nettement plus cool depuis Moise, Jesus et Mahomet. Ils ont fait du bon boulot à leur époque, et ça paie encore de vos jours.
CHIEN: Ouaf. Arf. Ouaf!
CHARON: C'est quoi le machin qui nous suit et glapit depuis la rive depuis tout à l'heure?
KUSO: Ah ça? C'est Youki, mon chien.
CHARON: Ton chien?
KUSO: Ben ouais, c'est un chien de compagnie, un animal domestique quoi.
CHARON: Un animal? C'est un délire sexuel d'humain?
KUSO: Laisse tomber... T'en avais jamais vu avant?
CHARON: Ben non. Comment t'as fait pour l'amener ici.
KUSO: C'est une longue histoire. Lâche l'affaire.
CHARON: Ben quoi, qu'est ce que j'ai dit?
KUSO: Rien, rame et laisse tomber. Y a moyen de fumer sur cette barque ou quoi?
CHARON: Fais toi plaisir... Tu faisais quoi chez toi avant de mourir?
KUSO:J'étais dans l'armée de mon pays. Un gradé.
CHARON: Ah je connais cette race. Des durs à cuir, hein?
KUSO: Je vais te dire un truc mon pote: tes jeux de mots sont trop mortels! Quel style! Je vais te faire un de ces buzz mon pote!
CHARON: Merci, mais depuis le temps, je les recycle, donc je n'ai pas de mérite. Et donc, t'es venu seul ici?
KUSO: Non, non. Je suis venu avec mon chien. Et Nababstoun. Il est un peu plus loin, vers l'Amont.