16 févr. 2009

Trop c'est trop

"Noura Al-Fayez, nouvelle vice-ministre de l'éducation pour les affaires des filles, est devenue la première femme à entrer au gouvernement d'Arabie saoudite, un pays où la religion impose une stricte séparation des sexes. "C'est une source de fierté pour toutes les femmes", a estimé Mme Al-Fayez dans la presse saoudienne, saluant la décision du roi Abdallah comme "une heureuse initiative"."

Les saoudiens ont une ministre. Youpi, Mazeltov!
Fin des réjouissances, revenons à présent sur le texte en gras. Traduction: en Arabie Saoudite, dans un pays musulman, dans tout pays musulman, la religion, soit l'Islam, impose une stricte séparation des sexes.
Est-ce qu'on parle ici de l'Islam du Moyen Age ? Celui des Wahhabites? De l'Islam des bédoins? De l'Islam de mon père et de ma grand-mère? Ou de l'Islam global?
Aucun: on parle ici de l'Islam tel que le conçoit l'occidental ignorant moyen, brillamment représenté ici par l'auteur de ces lignes et ses superviseurs.

J'ignorais que l'Islam prônait une telle aberration. Depuis que j'existe, partout où je me trouve dans ce pays, il y a des femmes. C'est étrange, non? Au Maroc, les écoles et universités sont mixtes, comme c'est bizarre. Pourtant on est en terre d'Islam... Évidemment, je ne suis pas dupe: de telles pratiques existent, et c'est regrettable en effet.

Avant même de cliquer sur le lien de l'article, je m'attendais je l'avoue à y lire des sornettes de ce genre, une énième manifestation de la bassesse et de l'amateurisme journalistique du Monde. Mais ici, il faut lire entre les lignes, car c'est encore plus surnois qu'il n'y parait. Permettre à un journaliste de publier une telle bêtise pourrait être tolérable si c'était dans un journal à tirage local, mais là, cil s'agit d'un onglet Mozilla qui renvoie au site du Monde, un lien qui a probablement été cliqué des centaines de milliers de fois dans le francophonie connectée au net.
Et asséner de tels mensonges sur une religion, recourir volontairement à des raccourcis intellectuels aussi malhonnêtes et perfides n'est certainement pas une erreur. Il s'agit d'un acte prémédité, indissociable de la ligne éditoriale de ce journal. On lit ça, vite fait, le texte fait onze lignes. Et dire que j'en ai tiré plus du double, j'ai honte de moi, vraiment.

Halte à la chasse aux sorcières: l'Islam qu'évoque cette presse n'existe que dans les grottes des talibans, un monde musulman où toutes les femmes sont voilées, où les gens savourent des séances de lapidation en sirotant un thé à la menthe, où tous les hommes sont mariés à des filles de 12 ans, où tous les hommes portent des ceintures d'explosif, un Islam qui n'est finalement que la projection mentale d'une haine viscérale des arabes et du monde musulman. Une haine qui émane, relativisons avec prudence, de certains occidentaux, et en l'occurence, des rédacteurs du Monde, qui se bornent à généraliser sans cesse sur la même thématique: la méfiance de l'Islam.